Chaque année, 150.000 personnes abandonnent les lentilles de contact. Pour le docteur Jean-François Montin, chirurgien ophtalmologiste interrogé par tf1.fr, "mettre un corps étranger sur un œil n'est pas anodin", ni sans conséquences.

tf1.fr : Chaque année, 150.000 personnes abandonnent les lentilles de contact car elles n’en supportent plus les effets indésirables, selon une étude citée par Le Parisien (1). Quelle est l’ampleur du phénomène ?

Jean-François Montin : Ce n’est pas nouveau. Mettre un corps étranger sur un œil n’est pas anodin. L’œil n’est pas un organe qui se défend à 100% contre les germes ; or, les gens ne se lavent pas toujours bien les mains avant de mettre leurs lentilles ou ne nettoient pas toujours correctement leur étui à lentilles. Un mauvais usage des lentilles ou une mauvaise hygiène peuvent provoquer des conjonctivites, des kératites (infections de la cornée) ou des ulcères de la cornée, qui peuvent parfois entraîner des complications très graves et même la perte d’un œil. Si l’œil devient rouge ou douloureux, il faut enlever ses lentilles et si le problème persiste, il faut consulter un ophtalmologiste.

tf1.fr : Ces complications sont-elles générées par tout type de lentilles ?

J.-F. M. : Il existe deux types de lentilles, les souples, qui sont utilisées par 95% des porteurs de lentilles, et les dures. Or, les complications liées aux lentilles dures sont moins fréquentes et moins graves car il s’agit d’un morceau de plastique totalement inerte. A l’inverse, les lentilles souples sont hydrophiles, c’est-à-dire qu’elles agissent comme une éponge : elles aspirent toutes les particules tout autour de l’œil.

tf1.fr : Faut-il donc privilégier les opérations chirurgicales de la cornée, lorsqu’elles sont possibles pour le porteur de lentilles ?

J.-F. M. : Lorsque quelqu’un ne veut plus porter de lunettes, il a le choix entre le port de lentilles et une opération de la cornée. Chacune a ses avantages, ses contre-indications, ses effets secondaires et ses complications. Les lentilles de contact sont réversibles, pas l’opération. Le risque est plus élevé pour une opération mais il n’intervient qu’une seule fois, alors qu’il faut mettre ses lentilles tous les jours. Les complications liées aux lentilles sont plus nombreuses que celles générées par une opération. Il ne faut pas pour autant croire qu’une opération est un simple petit coup de laser, même si la technique est parfaitement au point et les résultats spectaculaires. C’est donc au patient de prendre une décision, en fonction de ses attentes. Nous ophtalmologistes, nous avons un rôle d’information, pas d’incitation.

(1) Etude du Syndicat des fabricants et des fournisseurs d’optique de contact (Syffoc). "Les porteurs de lunettes restent loin devant (36 millions contre 3 millions pour les lentilles), écrit Le Parisien, et 5% des porteurs de lentilles se découragent chaque année."


Pour plus d'information :
. Lentilles sur Bienvoir.com
. www.Syffoc.org
. Source: www.tf1.fr