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Johnny Halliday et Optic 2000 embarqués dans la pr

22/05/2007 - Lu 5602 fois
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Note moyenne : 1.7/5 (216 notes)

L’opticien «Optic 2000», on le sait, s’est attaché depuis quelques années les services de Johnny Halliday comme prescripteur de ses lunettes.

Une star exerce, en effet, sur ses fans un tel ascendant qu’elle peut leur faire adopter par identification n’importe quel produit. Elle n’a nulle compétence pour juger de leur qualité ? Qu’importe ! La fascination à dominante sexuelle qu’elle suscite chez eux y suffit. Mais l’opticien a-t-il eu la main heureuse ?

Johnny à contre-emploi une première fois

Autant les lunettes de soleil s’accordent avec le personnage, autant de simples lunettes de vue détonnent sur le nez de Johnny Halliday. Pour un pasticheur du parc d’attractions folkloriques que « l’american way of life » répand à travers le monde, les lunettes noires font partie de la panoplie, tout comme le flamboyant pseudonyme américain troqué en lieu et place du trop modeste patronyme Smet, les tenues effrangées de cow-boy en santiags, ou encore le blouson de cuir pour chevaucher une Harley Davidson pétaradant vers Las Vegas, la musique rock tonitruante et ses vociférations de matamore qui iodlent soudain par couacs...
Les simples lunettes de vue, au contraire, par intericonicité, renvoient, qu’on le veuille ou non, à une sage image d’intellectuel qui s’use les yeux à ausculter les textes. Ce n’est pas faire offense à l’immense star du rock hexagonal que de trouver qu’il joue ici à contre-emploi : le monde des idées, c’est pas son truc ! Il faut donc un peu d’audace à l’opticien pour présenter Johnny en intello ! C’est un rôle qu’il ne peut même pas pasticher.

Johnny à contre-emploi une seconde fois ?

En couvrant, en outre, depuis plus d’un mois, les panneaux des villes françaises de l’image dédoublée de Johnny pour vanter l’aubaine d’une « deuxième paire gratuite pour tous », l’opticien a pris le risque d’un second contre-emploi de la star encore plus inattendu. Toute image, en effet, trouve son sens dans un contexte, à la fois celui qu’elle livre, et celui de son lecteur, qui interréagissent forcément.
Le contexte aujourd’hui est celui de la campagne présidentielle et nul n’ignore que Johnny Halliday entretient avec M. Sarkozy des relations amicales sans qu’on sache qui est le fan de l’autre.

1- Or voici, contre toute attente, que le visage de Johnny apparaît en gros plan dans un contexte précis qui pouvait être gommé : en raison même du gros plan, il était facile d’obtenir un arrière-plan neutre ou flou. Il ne l’est pas. Qu’aperçoit-on ? Des montagnes à l’horizon. La métonymie - ici, la partie pour le tout - est cruelle ! Comment ne pas songer à la Suisse qui est surtout montagneuse ? Or chacun sait que Johnny Halliday s’y est réfugié pour échapper aux impôts français. Sans doute son visage, chaussé de ses lunettes de vue, est-il à la fois triste et méditatif : revêtu de la chemise blanche de l’innocence, il donnerait même à penser, toujours par métonymie - l’effet pour la cause, cette fois -, que l’exil lui pèse et que s’il chausse ses lunettes, c’est pour mieux contempler la ligne bleue... des Alpes ou du Jura au-delà de laquelle s’étend le doux pays qui tant lui manque. Seulement, seuls ses fans aveuglés peuvent compatir ; pour tous ceux qui n’en sont pas, l’image de cette star est vue comme un symbole : elle représente la partie privilégiée de l’électorat de M. Sarkozy, dont le patriotisme est d’abord celui de sa fortune.

L’image de l’autocensure ?

2- Et ce n’est pas tout. L’opticien offre deux Johnny pour le prix d’un ! Ce dédoublement de la star pour exhiber en image « la deuxième paire de lunettes » offerte n’est pas des plus adroits. La star, de façon inquiétante, paraît survenir en arrière-plan comme pour jeter un coup d’oeil par-dessus l’épaule de son double dont la méditation ne lui paraît pas très catholique. On aurait voulu représenter par le procédé de l’ image l’autocensure qu’un personnage exerce sur lui-même, qu’on ne s’y serait pas pris autrement : Johnny offre un masque sévère ; intericonicité oblige, ses lunettes noires sont celles des polices secrètes ; et le noir de sa chemise, selon la charge culturelle occidentale, n’est pas de bon augure. N’est-ce pas l’innocence même qui est ici mise sous autosurveillance ?

Et si c’était pour Johnny, dans le genre de sa fuite en Suisse, une manière bien à lui de rendre service à son candidat favori en illustrant l’application à venir de son programme présidentiel ? Non, « rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ; / Mieux vaudrait un sage ennemi », prévient Jean de La Fontaine, dans « L’Ours et l’amateur des jardins ».

Paul VILLACH
Source de l'article sur www.agoravox.fr


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