Cette étude multicentrique comparative randomisée en simple aveugle en cross-over financée conjointement par la Fédération Française des Sociétés d’Assurance, Groupama, Azur-GMF, Aviva, Santéclair a été réalisée selon un protocole rédigé par le Professeur Philippe Ravaud et le Dr Isabelle Boutron, INSERM U738 Département d’Epidémiologie, Biostatistique et Recherche Clinique, Groupe hospitalier Bichat Claude Bernard – Paris. Elle a pour objectif de comparer deux générations de verres progressifs, parmi les plus vendus sur le marché, sur une population de patients presbytes déjà porteurs, afin d’évaluer si ceux-ci perçoivent de réelles différences.
La presbytie, phénomène dû au vieillissement et durcissement du cristallin, affecte la vision de tous les individus dès 40-45 ans, soit 20 millions de Français, et génère des dépenses d’optique particulièrement élevées, et en croissance constante.
Les verres progressifs représentent une avancée majeure dans la prise en charge de la presbytie et 60% des presbytes en sont équipés2. Co-existent sur le marché différents types de verres progressifs commercialisés à des prix très différents pouvant aller du simple au quadruple, en fonction des laboratoires et des gammes.
A titre d’exemple pour un même laboratoire, l’acquisition d’une paire de verres progressifs traités anti-reflet représente un budget en moyenne compris entre environ 300 et 650 euros, auquel il convient d’ajouter le prix de la monture.
La diversité et la complexité des verres et des traitements proposés par les magasins d'optique troublent la transparence nécessaire à un choix averti pour les assurés, et une bonne adaptation des garanties pour les assureurs.
Près de 130 patients répondant aux critères de sélection ont été inclus dans l’étude VePRO entre mars et novembre 2006 par cinq opticiens parisiens.
Les patients ont testé successivement selon un ordre tiré au hasard, les verres Varilux Comfort puis les Varilux Panamic ou inversement, pendant 2 fois 4 semaines soit 8 semaines au total. A aucun moment dans l’étude, le patient n’a connaissance de l’ordre dans lequel il teste les deux générations de verre.
A la fin de chaque période de 4 semaines, chaque patient remplissait un questionnaire d’évaluation portant sur les différents paramètres de la vision : évaluation de la netteté et du champ de vision en vision de près, intermédiaire et de loin, l’évaluation de la vision cinétique, l’évaluation de l’adaptation et du confort ressenti. Ces paramètres étaient côtés par le patient sur une échelle allant de 0 (extrêmement mauvaise) à 10 (excellente). A l’issue de l’étude, le patient devait se positionner sur l’équipement qu’il avait préféré.
Une préférence pour le verre le plus cher mais les différents paramètres de la vision jugés équivalents entre les deux verres.
A l’issue de l’étude : 57,9% des patients ont préféré Varilux Panamic contre 36,5% Varilux Comfort; 5,6% des patients ont exprimé aucune préférence pour l’un ou l’autre verre.
Les patients ayant été exposés à Varilux Comfort puis à Varilux Panamic ont perçu une différence en faveur du verre plus cher. A l’inverse, les patients testant d’abord Varilux Panamic puis Varilux Comfort ont choisi autant l’un que l’autre.
L’adaptation semble plus rapide avec Varilux Panamic mais environ 10% des patients ne s’adaptent pas à ces verres.
Les différents paramètres de la vision ne diffèrent pas entre les 2 verres sauf la vision de près jugée par les patients plus nette avec Varilux Panamic qu’avec Varilux Comfort ; la différence de score bien que minime (de l’ordre de 0,5 point sur une échelle de 0 à 10) est statistiquement significative (p<0,05).
Les deux générations de verres progressifs Essilor testés (Varilux Comfort et Varilux Panamic) obtiennent des scores compris entre 7,0 et 8,4 sur tous les paramètres de la vision.
Mieux comprendre pour mieux prendre en charge
Les assureurs sont conscients de jouer un rôle essentiel dans la prise en charge des équipements permettant l’amélioration de la vision mais souhaitent, face à une dépense qu’ils assument dans des proportions importantes de l’ordre de 45% voire beaucoup plus pour certains, comprendre ces écarts de prix.
Cette étude indépendante permet donc de disposer, pour la première fois, de données destinées :
à améliorer la gestion du risque optique par des arbitrages éclairés,
à mettre en place des garanties plus adaptées, si ces évolutions technologiques sont avérées, et si elles apportent un réel confort visuel supplémentaire aux assurés,
à guider le choix des assurés, en leur apportant une information objective.
Annexe : En savoir plus sur l’étude VePRO et ses résultats
Déroulement de l’étude :
Les participants sont des presbytes déjà porteurs de verres progressifs disposant d’une nouvelle prescription d’un ophtalmologue pour un nouvel équipement.
Après vérification des critères de sélection et signature d’un consentement éclairé, l’opticien remet au patient un premier équipement à tester pendant 4 semaines. A l’issue de cette première période, le patient revient chez l’opticien, complète un questionnaire d’évaluation, rend le premier équipement et se voit remettre un second équipement à tester également 4 semaines. A la fin de l’étude, le patient revient chez l’opticien, complète un second questionnaire d’évaluation et choisit de garder l’équipement de son choix. La durée totale de l’étude pour chaque patient est de 8 semaines. L’ordre d’utilisation des deux types de verres est déterminé par tirage au sort.
Les deux équipements testés seront rigoureusement identiques: même poids, même indice, même traitement, même monture ; ils sont montés par le même atelier de montage à la suite l’un de l’autre et livrés anonymisés à l’opticien.
Critères de jugement
Le critère de jugement principal est la préférence du patient à l’un des deux équipements qu’il a testé.
Les critères secondaires sont l’appréciation par le patient lui-même des différents paramètres de la vision : évaluation de la netteté et du champ de vision en vision de près, intermédiaire et de loin, l’évaluation de la vision cinétique, l’évaluation de l’adaptation et du confort ressenti. Ces paramètres sont côtés par le patient sur une échelle allant de 0 (extrêmement mauvaise) à 10 (excellente).
Résultats
Description de la population:
Au total 127 patients ont été inclus par 5 opticiens entre mars et novembre 2006.
Les patients, majoritairement des femmes (61%), sont âgés en moyenne de 53 ans, porteurs de progressifs depuis 5,7 ans.
L’équipement progressif précédemment porté avant l’inclusion dans l’essai en moyenne depuis 2,3 ans correspond dans plus d’un cas sur deux à un progressif de type champ large (52.5%), un progressif d’entrée de gamme dans 25,4% ou un progressif de type champ panoramique dans 18,9% des cas.
La totalité des patients présentent un défaut de vision de loin : 40,5% sont myopes ; 59,5% hypermétropes et 70% astigmates.
A l’inclusion, la compensation moyenne de la population testée était la suivante:
Oeil droit : +/- 1.04 (sphère) + 0.62 (cylindre) add 2.14
Oeil gauche : +/- 1.07 (sphère) + 0.67 (cylindre) add 2.14
Critères de jugement :
57,9% des patients ont préféré Varilux Panamic contre 36,5% Varilux Comfort; 5,6% des patients ont exprimé aucune préférence entre l’un ou l’autre.
Lorsque le patient a d’abord été exposé à Panamic puis à Comfort, il ne fait la différence entre les 2 et choisit autant l’un que l’autre. Dans la séquence inverse, le patient choisit en fin d’étude de garder Panamic
Lorsque le patient exprimait une préférence celle-ci était très marquée que ce soit pour l’un ou l’autre des équipements testés.
L’adaptation semble plus rapide avec Varilux Panamic mais environ 10% des patients ne s’adaptent pas à ces verres.
Pour autant, il n’y a aucune différence entre les 2 verres sur les différents paramètres de la vision à l’exception de la vision de près jugée plus nette avec Panamic. La différence de scores bien que minime (de l’ordre de 0,5 point sur une échelle de 0 à 10) est statistiquement significative (p<0,05). Les scores moyens sur les paramètres s’établissent entre 7,0 et 8,4 sur une échelle de 0 à 10
En conclusion,
Cette 1ere étude indépendante comparative randomisée sur près de 130 patients montre que si les patients préfèrent le verre Panamic, 40% d’entre eux préfèrent fortement le verre Comfort. A l’exception de la vision de près jugé plus nette avec Panamic, les paramètres de vision ne diffèrent pas statistiquement entre les deux verres.
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